Comment éviter le trac

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Je ne sais pas trop quoi vous dire. Il est extrêmement difficile, quand on a investi une parti de soi dans ce qu'on a fait, de le présenter au public.

On est lié au spectacle et on a la sensation viscérale qu'à travers le spectacle c'est nous qui allons être jugés.

 

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Donner un avis

   

J'imagine qu'il n'est que moyennement rassurant de vous dire qu'on ne pend plus les artistes qui ne donnent pas satisfaction (y a pas assez de corde dans toute l'Europe pour pendre tous les postulants chanteurs de télé réalité).

Quand on a le trac, on a peur. On a peur pour soi.

Ce que je me propose de faire, c'est de vous apprendre en quoi il est extrêmement positif d'avoir le trac. Le trac est une force. Il peut vous paralyser ou vous faire donner le meilleur de vous même.

Sinon, vous pouvez aussi voir quelques "trucs" plus ou moins efficaces qui permettent de diminuer la peur, mais ils ne sont pas efficaces pour tout le monde. A vous de tester.

 
 

Je vais vous raconter une petite histoire qui va vous faire comprendre mon argumentation :

Imaginez que vous êtes animateur (animatrice) dans un centre de loisir. Vous vous occupez d'un groupe d'enfant. Tout va bien.

Soudain, un des enfants tombe et s'écorche le genoux. Il ne s'en rend pas compte et continue à jouer. Mais un de ses camarades (le plus fin psychologue du groupe) lui fait remarquer qu'il a déjà dû perdre au moins un demi millilitre de sang et que la mort par hémorragie n'est pas loin.

Les yeux de l'enfant se vident pendant que sa couche se rempli (ou sa culotte si vous n'avez pas de chance). Les cris d'une douleur déchirante (et parfaitement ignorée jusque là cependant) s'agglutinent derrière les lèvres serrées et commencent à forcer le passage.

Les grandes eaux et le bruit de cataracte démarre. L'enfant a peur et il le manifeste.

Mais vous êtes là, vaillant(e) animateur (animatrice). Vous entraînez calmement l'enfant vers la boite à pharmacie et vous vous approchez le coton imbibé de désinfectant qui va sauver le grand blessé. Vous pensez que la situation est quasiment résolue.

 
 

Il n'en est rien.

C'est incroyable l'énergie qu'un enfant à l'article de la mort peut mettre à refuser les soins qui peuvent le sauver d'un sort atroce et certain.

Il faut ruser.

Vous commencez à endormir sa vigilance en lui racontant une histoire similaire arrivée à un vaillant prince dans une contrée lointaine. Après avoir combattu un dragon jusqu'à la mort, il était fourbu et blessé. Il chevaucha pendant dix jours sans rencontrer âme qui vive. Puis il entra dans une forêt noire et lugubre

(à ce moment là, si vous racontez bien, l'enfant a oublié son genou, l'antiseptique et la couche pleine)

Le prince entre donc dans la forêt. Les arbres commence à cacher le soleil. Il a de plus en plus de mal à s'orienter. Alors qu'il commence à entendre des loups au loin (pas con les loups, il sortent quand le dragon est mort), il aperçoit une petite chaumière. Elle est entourée d'un petit jardin ou poussent des fleurs (si si ça existe des chaumières comme ça au milieu des bois). Il frappe à la fenêtre et la porte de la maison s'ouvre. Un magicien (ou une fée, suivant votre sexe) en sort et accueille le brave héros blessé (réapparition de la blessure, et regard de l'enfant vers son propre genou).

Le magicien (ou la fée) propose alors un remède magique au prince pour le guérir. Mais le prince, suspicieux, soupçonne un piège. On ne sait jamais quelle apparence peut prendre un(e) sorcier(e). Il sort alors son épée et la pose à portée pour pouvoir se défendre en cas d'attaque magique.

Mais le magicien (ou la fée) ne ment pas et il fini le pansement par un nœud magique qui permet au prince de repartir vers de nouvelles aventures.

 
 

Et là, finement, vous demandez :

"Et tu sais comment je connais cette histoire?"

Si vous avez raconté cette histoire avec brio, l'enfant est suspendu à vos lèvre, le genou est complètement oublié et la couche commence à moisir. La réponse tant attendue arrive :"Non"

"Eh bien, en fait, c'est un secret. Je ne sais pas si je peux te le dire.

  • Si sis, tu peux.
  • Le magicien (la fée) c'était moi.
  • Je te crois pas.
  • Tu veux une preuve?
  • Ouais
  • Je sais faire le nœud magique. Tu veux que je te montre.
  • Ca va faire mal.
  • C'est ce que croyais le prince aussi. Tu n'as qu'à faire comme lui. Tu prend ton épée et si je te fais mal, un bon coup sur la tête. (à ce moment, il est fortement déconseillé de tendre un objet trop lourd à l'enfant, on ne sait jamais).
  • La suite, vous la devinez. L'enfant, embarqué dans son rôle de prince sans peur et sans reproche, ne ressent pas la douleur et votre nœud magique fait une fois de plus preuve de sa redoutable efficacité.

     

    Quel rapport avec le trac me direz vous. Il est vrai que c'était le sujet de départ.

    La peur paralyse les gens (elle fait refuser les soins aux enfants). On cherche une carapace dans laquelle on peut se réfugier. Pour échapper au danger. Quel meilleur protection qu'un déguisement. Si on ne vous voit pas, on ne vous attrape pas. Voyez donc votre personnage comme une armure qui vous protège des regards. (le maquillage et le costume aident aussi pour cela). Le prince ne connaît pas la douleur dans l'histoire. Vivez donc cette histoire pour ne pas la connaître.

    Plus vous proposez quelque chose de sonore, de visible, moins le public sentira le besoin de chercher, de vous voir. Votre sensibilité sera protégée par l'exubérance de votre personnage.

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    Quelques trucs en plus pour ceux qui ne pensent pas pouvoir maîtriser leur trac.

     Installer des projecteurs qui éclairent la scène suffisamment fort pour vous éblouir un peu. Cela permet de faire disparaître les détails du public. Comme on les discerne moins, ils deviennent moins réels.

     Dans le même ordre d'idée, un retour de son assez fort permet d'éviter d'entendre les réactions du public.

     Vous pouvez aussi vous débrouiller pour mettre au premier rang un public conquis d'avance (amis ou parents)

     Certains utilisent des produits pharmaceutiques, mais je les déconseille car, s'ils peuvent permettre de diminuer l'anxiété, ils diminuent TOUT en vous. Et puis arriver à dépasser sa peur est une telle victoire, un tel plaisir, que je trouve dommage de se priver de cette chance, même si elle est difficile à saisir.

     Si vous avez peur d'oublier votre texte, faites comme les pros, mettez un souffleur en coulisse ou au premier rang.

     Evitez les textes écrits sur la paume. La peur génère des mains moites, les mains moites effacent le texte.

     Prendre l'habitude de faire des répétitions générales sans public ou avec un public très restreint pour bien prendre ses marques.